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L'Algérie de 2014. Prêts? Partez!

Champagne pour les uns, thé à la menthe pour les autres , tout est prêt. Mais une fois que vous aurez claqué la bise à minuit à vos amis, que va-t-il se passer en 2014 en Algérie? Blogueuses « Algérie » sur Mondoblog, nous vous avons concocté notre propre sélection. Ni exhaustive, ni objective, mais avec un fond de vérité quand même.

Ce à quoi vous ne pourrez pas échapper

 

L’élection présidentielle (avril)

 

Depuis deux mois, la liste de candidats n’a cessée de s’allonger et de surprendre parfois, comme lorsque le célèbre écrivain Yasmina Khadra a annoncé sa candidature. Dans le cadre de ces élections « tant attendues », la question qui se pose le plus n’est pas « Qui sera élu à la présidence algérienne ? » mais plutôt « Bouteflika briguera-t-il un 4ème mandat ?». Depuis le retour du président Bouteflika à Alger à la suite de son accident vasculaire cérébral, les Algériens peinent à croire que le président dispose encore de toutes ses capacités à gouverner , et encore moins à briguer un nouveau mandat.

Ce doute a été conforté quand l’émission française de Canal +, le Petit Journal a présenté la rencontre entre Jean Marc Ayrault , chef du gouvernement français et Abdelaziz Bouteflika qui montre clairement une extrême difficulté à parler et à bouger.

En attendant, on compte déjà une dizaine de candidats, des petites phrases assassines et plusieurs coalitions qui tentent toutes de tirer la couverture. Le jeu promet d’être croustillant.

 

La Coupe du Monde de football (juin)

Brazil! A nous, les semaines de liesses, de concerts de klaxon et de pétards avant l’entrée en lice des “Fennecs”. Nous n’échapperons certainement pas à de nouvelles démonstrations de joie des supporters avant les matchs que disputera l’équipe nationale au cours de son parcours au Brésil, un parcours qui risque de s’arrêter au premier tour. Et après? Pas la peine d’en parler, on va gâcher l’ambiance.

 

Le suicide procès de Rafik Khalifa

 

Si l’affaire remonte maintenant à une dizaine d’années, l’extradition d’Abdelmoumène Rafik Khalifa, le “Bernard Madoff algérien”, et son procès (si procès il y a) devraient mobiliser l’opinion publique algérienne et internationale, étant donné que certaines stars faisaient partie du business.

Rafik Khalifa est accusé d’avoir escroqué à hauteur de plusieurs milliards de dollars des milliers d’Algériens ayant fait l’erreur de déposer leur argent auprés de la Banque Khalifa. Le succès de ce pharmacien est aussi fulgurant que curieux… créant sa banque, puis une compagnie aérienne, une télévision et sponsorisant de grands clubs sportifs. Les journalistes sont convaincus que cet empire et cette arnaques n’auraient jamais pu exister sans la complicité de hauts dirigeants algériens. Si Khalifa témoigne dans un tribunal, ceux qui n’ont jamais été inquiété ont peut-être du souci à se faire. Dès son extradition depuis Londres, les autorités algériennes ont prévenu de la « santé mentale fragile » du milliardaire et craignent un risque de suicide.

Ce que vous attendez

 

La 3 G qui fonctionne

 

On vend du rêve depuis des années aux Algériens concernant la 3G , le nombre de reports de sa mise en place ne se compte même plus. Elle est enfin là ! Alors que la 4G est déjà disponible dans certains pays, l’Algérie est l’un des derniers pays du monde à disposer de la 3G. Reste à savoir si elle fonctionnera en 2014. Pour l’instant, la 3G a plus l’air d’un mirage que d’une réelle innovation technologique. Certains pourront peut être se réjouir de prendre leur abonnement 3G chez l’opérateur Mobilis… qui s’est payé le luxe de faire une publicité avec Diego Maradona.

Moins de paperasse

C’est ce qui fait blanchir nos cheveux et le nouveau cheval de bataille du premier ministre Abdelmalek Sellal? La bureaucratie. Alors que les démarches administratives comme retirer un extrait de naissance ou refaire son passeport sont devenues une réelle discipline sportive et mentale (où il faut souvent “revenir demain” ou “attendre que la dame chargée de tel tampon soit là”), cette année, le gouvernement a demandé la mise en place de mesures d’allègement et d’accélération de procédures notamment en matière de passeport, de carte grise ou encore du permis de conduire. Les documents auront une validité plus longue, comme le passeport qui passera de 5 à 10 ans, tandis que les Algériens se verront attribuer un numéro d’identification nationale qui leur permettra de retirer leurs papiers par voie informatique. Une telle innovation technologique est trop belle pour y croire pour des Algériens encore formatés par la lenteur bureaucratique de leur pays. De toute façon, il faut toujours aller faire tamponner 5 fois par la mairie une photocopie pour qu’elle ait une quelconque valeur. Ca s’appelle la “légalisation”, et c’est encore notre routine quotidienne.

Ce qu’on vous promet mais que vous n’attendez plus

 

Un travail

 

2013 fut l’année des manifestations de chômeurs. Droit au travail, transparence du recrutement, respect du droit pour les contrats de sous-traitance. Le gouvernement a promis de multiplier les mesures en direction des chômeurs.

 

Les intérêts des prêts étatiques ont été supprimés. A Ouargla, dans le sud, là où la contestation a pris le plus d’ampleur, la direction de l’emploi a fait des efforts, l’Etat a promis la préférence locale pour le recrutement dans les multinationales. Mais le problème est ancien. Trop ancien pour que l’on croit des promesses. Les actes, eux, tardent à venir. Officiellement le taux de chômage est à 10%. Les experts l’estiment supérieur. 9 mois après, les manifestations continuent.

 

Un logement

 

Depuis quelques années, l’Algérie connait une crise du logement sans précédent. En plus des immeubles surpeuplés, des constructions inachevées et des habitations inoccupées qui se comptent par millions, les logements AADL (logement sociaux dont on peut être locataire ou propriétaires à moindre coût) ont fait couler beaucoup d’encre en cette année 2013. Pour ces logements réservés à la classe moyenne algérienne, de nombreuses demandes de souscriptions ont déjà été faites, mais les réponses tardent à venir. Bonne nouvelle (mauvaise pour d’autres), le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, a “promis” que toutes les réponses seraient données d’ici janvier 2014 aux 700 000 demandeurs de logements. Pour les autres budgets à la recherche d’un logement, la quête s’avère cauchemardesque.

 

Le calme

 

“L’Algérie est exportatrice de stabilité”, selon un ministre. Si l’on compare avec nos voisins tunisiens, nos voisins maliens, nos voisins libyens, ok, on est “calmes”. Mais il ne faut pas se mentir. Ghardaïa, Tebessa, Baraki (banlieue d’Alger), les “émeutes” sont très régulières. Il y a même un site qui les répertorie. Pourtant, c’est bien avec ce “calme” que les négociations se font. Au point de vue international comme au point de vue local. Des émeutes? Des relogements. Des manifestations? Des grèves? Des augmentations. La violence urbaine s’exprime contre les biens de l’Etat, mais aussi contre les personnes. Agressions, vols, difficile d’obtenir des statistiques précises, mais le fameux « sentiment d’insécurité » est bien là. Bref, il n’y a aucun calme, mais on y croit. Et on se persuade que c’est bien moins pire qu’avant.

 

Allez, on vous embrasse, et bonne année 2014 quand même!

feu-d-artifice

 

Lina et Leïla

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leilaberatto

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