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"T'as pas un truc plus algérien?"

Quelle semaine mais quelle semaine!

 

D’abord, il y a une « petite nouvelle » sur Mondoblog, la copine Lina. Le « Bled Mickey » (c’est le nom de son blog et aussi l’un des nombreux surnoms de l’Algérie), elle saura vous l’expliquer.

 

Ensuite, manque de pot, l’Algérie a perdu son match de foot contre le Burkina-Faso. Je vous passe les réactions racistes, violentes et la polémique qui dure sur le piratage du match diffusé par Al Jazeera par la chaine de télévision algérienne.

 

Et puis, il y a eu l’Aïd. Les imams en ont profité pour augmenter le volume des hauts parleurs des mosquées, les vendeurs, pour augmenter leurs prix. La ville a été réveillée à 7h par les chants, animée par les bêlements inquiets des moutons, repeinte de sang rouge, et embaumée par l’odeur des brochettes. Les rues de la capitales, elles, sont restées vides pendant 48h. Aujourd’hui encore, essayez de trouver de quoi manger, vous allez vous amuser!

Aid à Alger

Sur une terrasse d’Alger à quelques heures de la prière de l’Aïd.

 

Enfin, hier, 30 jeunes harraga algériens ont été interceptés en mer par les gardes côtes près de Annaba et de Mostaganem, en route vers l’Italie. Comme à Ceuta ou à Malte hier, l’arrivée de certains sur la terre ferme à Lampedusa la semaine dernière a fait « appel d’air ».

 

L’Algérie, c’est ça. Mais ce n’est pas que ça.

 

Si je vous en parle, c’est parce qu’un collègue journaliste a eu une discussion surréaliste avec son chef régional, qui, lui, n’habite pas en Algérie. La semaine dernière, l’événement culturel de la capitale, c’était le FIBDA, le festival international de bande-dessinée. Un festival bien foutu, intéressant, dynamique, ce qui n’est pas toujours le cas. On y trouve les dernières nouveautés algériennes et des pépites venues de toute l’Afrique. C’est un passage obligé pour tout journaliste qui travaille ici. Sauf que lorsque mon collègue a proposé le sujet à son chef, la réponse a été la suivante : « De la BD? Mais t’as pas un truc plus algérien? »

On a compris, interloqués, que vu de l’extérieur, la bande-dessinée ne fait pas partie du coffret couscous-makrout-islamistes algérien. Soit. C’est probablement de notre faute à nous journalistes. Autant réparer nos erreurs tout de suite.

 

La bande-dessinée algérienne était très développée dans les années 1970. Les années 1980 et 1990 ont été plus difficiles à cause du contexte politique, mais du coup, pour des raisons alimentaires, les dessinateurs sont devenus caricaturistes de presse. Aujourd’hui, chaque journal a son caricaturiste. Le journal El Watan en a même 4. L’humour en dessin est ancré dans la culture du pays. Et contrairement à nos voisins, le régime laisse plus ou moins faire les gens comme Dilem. Et puis, comme le calme est revenu, la Bande-dessinée se développe à nouveau.

 

Voyez par vous même. Les planches ci-dessous sont celles de Kaci, devenu une star dans les années 1970 avec son album « Bas les voiles ». A l’époque, il ne parle pas de son pays, mais s’attaque à la Révolution iranienne.

 

Planches extraites de l’exposition 2013 du FIBDA

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Auteur·e

leilaberatto

Commentaires

Lou
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Kaci est arrivé jusqu'à nous. J'ai souvenir d'avoir eu ces planches sous les yeux, étant petite. Même si je n'avais jamais encore pris conscience de la violence de ce dont il nous parle.

Merci